
Il est indéniable que le Centre Pompidou ne prend pas de risques démesurés en exposant les œuvres du peintre britannique Lucian Freud. Si on comprends parfaitement les raisons objectives du succès critique du peintre (inscription dans une histoire canonique de la peinture , nombre « d’enfants spirituels » parmi les artistes les plus cotés, son aspect « peinture-peinture » relevant d’un certain amour du « métier », quelques indices du mythe du « peintre maudit » dans ses sujets tout en étant relativement rassurant pour le spectateur, son côté « peintre pour philosophes », etc.), son œuvre me laisse généralement assez dubitatif. Et l’exposition du Centre Pompidou ne me fait par réviser mon opinion sur Lucian Freud, malgré – il est vrai – quelques toiles réellement extraordinaires comme Evening in the Studio (1993) représentant une femme cousant une étoffe quasi labyrinthique faisant penser aux plus belles scènes de Vertigo de Hitchcock ou au film de Spiral Jetty de Robert Smithson.

La réelle découverte de cette exposition sont les photos de David Dawson qui a photographié Freud dans son atelier.
On découvre l’environnement du peintre, les fameuses traces de pinceau sur les murs, etc. Les clichés de Dawson permettent notamment de comprendre les perspectives de la peinture de Lucian Freud, notamment avec la photo (ci-dessous) où l’on voit l’artiste peignant un nu allongé sur un lit. Lucian Freud peint ses sujets à une distance extrêmement courte : on comprend mieux les raccourcis abruptes, les déformations du corps des modèles, les architectures biscornues des intérieurs… Toutes proportions gardées, ces images rappellent les clichés pris par Hans Namuth dans l’atelier de Jackson Pollock en 1950, images qui ont permis de réviser les théories sur la technique picturale de l’artiste américain.

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Compte rendu assez complet de l’exposition Lucian Freud est disponible ici.
« Lucian Freud », Centre Pompidou Paris, Galerie 2, du 10 mars au 19 juillet 2010, 11h00 – 21h00.
Freud, quel génie