En 2006, le Musée des beaux-art d’Angers avait organisé une remarquable exposition consacrée à François Morellet. On pouvait y voir une sélection des travaux de l’artiste avec une scénographie discrète qui permettait de comprendre le cheminement de la pensée de l’artiste. On comprenait que dans les années 1960, Morellet avait été parmi les précurseurs du minimalisme en France, qu’il avait aussi été un des initiateur du GRAV (groupe de recherche d’art visuel) mais que dans chacune de ce expériences formelles, il avait toujours conservé une dose d’ironie. Non pas qu’il ne croyait pas en ce qu’il faisait, mais seulement l’intuition qu’il se tenait sur une corde raide qui, à tout moment, pouvait faire tomber l’équilibriste du côté du chaos ou de celui du positivisme. Bref, l’expo d’Angers permettait de saisir la complexité de l’œuvre de Morellet…. et par contraste, on peut dire que la présentation du Centre Pompidou est passablement ratée.

Le parti pris de l’expo Morellet au Centre Pompidou est de faire une rétrospective de l’œuvre de l’artiste en rejouant les conditions d’installation de leurs expositions originales. Concrètement, ça donne une série de boxes de tailles variables dont certaines voient leurs murs peints en noir.
Inutile de dire que ce genre de scénographie anesthésie totalement les travaux de Morellet qui deviennent de pures gammes formalistes, bien en deçà de la complexité des investigation de l’artiste. Ces « show rooms » museaux transforment les agencements de néon en processus décoratif, alors que le but d’une scénographie est (ou devrait être) de servir les œuvres et de faciliter leur compréhension pour le visiteur. Alors, ça ressemble à une enfilade de stands du salon de l’agriculture, ou plutôt – autant que l’en atteste les néons et les murs peints en noir – à une backroom de boite échangiste de sous-préfecture. Seule solution pour comprendre Morellet : inventer une machine à remonter le temps et se rendre en 2006 à Angers !
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François Morellet « Réinstallations »
2 mars – 4 juillet 2011
Centre Pompidou Paris
Je vous trouve bien sévère ! Certes, l’expo n’est pas didactique, mais elle en reste d’autant plus poétique. Nous restons libres de nous approprier les oeuvres selon notre sensibilité. J’ai bien apprécié de pouvoir provoquer des rides sur une surface aquatique dans laquelle se reflète une grille de néons. J’ai ainsi créé plusieurs « oeuvres Morellet » au fil des déformations de la grille lumineuse ! Très chouette ! Et en plus, on a le droit de prendre des photos