Après le bordel total et les fiascos divers et répétés du mois de mai, j’ai enfin un peu de temps pour aller visiter quelques galeries.

Bien sur, je ne dirai rien de l’exposition de Laurent Jourquin chez Maxence Malbois (exposition d’ouverture de la galerie) parce que j’en ai écris le texte ; juste que c’est une très belle expo d’un artiste prometteur…

Autre exposition intéressante chez Philippe-Georges et Nathalie Vallois. The Big Society (titre de l’exposition organisée par Alice Motard) propose un tour d’horizon de l’art contestataire britannique des années Tatcher à nos jours. Malgré l’aspect inégal des pièces présentées, la commissaire d’exposition est parvenue à réaliser un accrochage complexe et fluide, chose rare dans une galerie commerciale.  Avec ce genre de thématique, le tour de force étant de ne pas tomber dans le « fastoche », c’est-à-dire d’un art politique tendance « gros sabots » qui se situerait quelque part entre un  autocollants du Scalp des années 90 et l’animation sociale en milieu défavorisé (plus connu sous le nom de « résidence d’artiste »). Pour être tout à fait honnête, cette tendance est représentée par Ruth Ewan. Mais c’est là qu’on voit qu’on est en présence d’une bonne expo, car mêmes les pièces médiocres servent à accompagner celles qui ont réellement quelque chose à dire comme celles de Peter Kennard ou Nathaniel Mellors. A mon sens, les photocollages de Peter Kennard sont surtout à voir comme des témoignages de la nostalgie des avant-gardes ou comme un genre de graphisme roots (nostalgie du ciseau/colle à l’heure de photoshop). La vidéo de Nathaniel Mellors (MACGOHANSOC, 2005) s’inscrit, quant-à-elle, clairement dans son temps, à la fois radicale et ironique, pointue et mainstream, drôle et intelligente. (à signaler également le petit livret très bien fait pour accompagner l’expo)

Nathaniel Mellors, MACGOOHANSOC, 2005. Film 16mm transféré sur DVD 7'43''

Chez Sémiose, une installation vidéo hypnotique de Céline Duval (Les Allumeuses). Au coin de la cheminée, l’artiste effeuille des images prélevées dans la presse féminine. Chaque moniteur propose l’effeuillage d’une collection d’images différente (femmes avec arbres, femmes se tenant les talons, etc.) comme autant de poses absurdes proposées par l’iconographie des magazines. Et soudain, on se remémore nos cours d’histoire de l’art ; celui avec le prof collectionneur de diapos où – bercés au clic-clac du carrousel – nous rêvions à une explosion de l’appareil de torture qui provoquerait l’Armageddon qui éradiquerait toutes les « Vierges à l’enfant » de la surface du globe… Belzébuth!

Celine Duval, Les Allumeuses, 2011.

En parlant de Belzébuth, une belle exposition collective à la galerie Bertrand Grimont (Body No/Body). On peut y voir des trés beaux dessins de Jean-Luc Verna, incontestablement le boss dans ce domaine. Ici, ils sont associés aux dessins de Patrick Bernatches (Etudes pour Chrysalides). Les dessins des deux artistes sont d’une finesse absolue. Précieux, suaves et étranges, ils le sont, et on ne demande rien de plus à l’art (d’ailleurs, arrêtez avec vos « foires du dessin » débiles : allez voir ce que fait Verna et Bernatches et vous économiserez du temps avec tous ces pseudo artistes-dessinateur-berlinois qui se plagient les uns les autres et qui ne valent pas tripette). Au sous-sol, une vidéo très étrange de Patrick Bernatchez (Chrysalide Empereur). Une voiture se remplit d’eau alors que son conducteur reste stoïque, le tout filmé en travelling circulaire (seul bémol: la bande sonore est un peu trop théâtrale).

Patrick Bernatches