Glen Baxter
Glen Baxter

La principale utilité d’un salon thématique comme Drawing Now est qu’il permet d’avoir une vision panoptique des tendances du dessin. Ici les choses sont plus claires que dans des foires plus généralistes comme la FIAC ou Slick. La quantité induit que les modes y sont nécessairement mieux identifiables et donc plus rapidement énervantes. Pour faire bref, c’est un peu comme si on vous fournissait le virus et le vaccin dans le même paquet : action nulle de consommation pure, sans avant ni après, juste une vague sensation d’avoir subit quelque chose. Les virus du comment sont les dessins monumentaux et prétentieux, paresseusement réalisés au fusain ou au crayon avec une iconographie sans imagination, directement pompés dans les Purple des années 1990. Cette année, les graphisteries semblent avoir quelque peu déserté les allées du salon, mais les mornes fonds de tiroir continuent de surnager (cf. le stand Agnès b. comme modèle du genre!). Reste quelques belles choses et des découvertes…

Michel GALVIN, Legerement dechiré, 2007
Michel GALVIN, Légèrement déchiré, 2007

La grosse claque de l’édition 2013 de Drawing Now provient des œuvres de Michel Galvin. Collages alambiquées, machines sans objets, corps manquants et légèrement déstructurés sans pour autant en devenir totalement repoussants, peuplent les oeuvres de Michel Galvin. L’artiste – qui officie régulièrement en tant qu’illustrateur pour Libé, Le Monde diplo, etc. – présente ici une série de pièces en marges de sa production destinée à la presse. Dans les deux moyens formats présentés sur le stand de la galerie Petits Papiers, s’exprime une grande liberté dans la forme dès lors que l’artiste se libère des contraintes purement narratives de l’illustration. Ces pièces font penser à un Picabia des années 1920 devenu coloriste de génie, impression renforcée par l’humour et le décalage contenu dans le titre des pièces d’une grande fraîcheur empreinte d’une évidence désarmante.

GALVIN Michel_Négociations et Apostolats en chaine_2013
Michel Galvin, Négociations et Apostolats en chaine, 2013.
GALVIN Miche
Michel Galvin

Présentés par la galerie XPO, les dessins de Vincent Broquaire sont aussi une de belles surprises. L’artiste, qui pourrait faire penser au premier abord à une David Shrigley un peu sage, distille une oeuvre poétique et parfois sarcastique sous un train parfaitement maîtrisé. On a hâte de voir où son amour pour les échafaudages complexes pourront le mener…

Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire
Vincent Broquaire

Du dessin assez classique mais bigrement efficace chez Suzanne Tarasieve avec les œuvres au crayon de Josef Ofer. Avec Ofer, on n’est pas dans le follement nouveaux, mais les scènes d’orgies macabres sont d’une virtuosité assumée où l’on ressent presque le bruit du crayon sur le papier tant s’exprime une gestualité nerveuse dans les détails des corps décharnés.

Jef Ofer
Josef Ofer
Joseph Ofer
Joseph Ofer
Joseph Ofer
Joseph Ofer (détails)

Dans les foires, l’aspect le plus déconcertant est l’incohérence des accrochages (incohérence « artistique » et non commerciale évidemment !). Trop rare, et qui vaut donc le coup d’être salué, l’accrochage proposé par la Galerie Analix Forever (Suisse) relève le défi. L’ensemble composé des pièces de Julien Serve, Pascal BerthoudRobert Montgomery, Mounir FatmiAdrian Schindler et Emmanuel Régent tire leur épingle du jeux parvenant à présenter une véritable exposition au sein d’une foire. On sera particulièrement impressionné par les panneaux d’Adrian Schindler qui, malgré son jeune age (né en 1989), produit une oeuvre mature et complexe extrêmement convaincante. Mention semblable pour Julien Serve, même si on sent que son oeuvre gagnerait à se déployer dans un espace plus adéquat.

Adrian Schindler
Adrian Schindler
Adrian Schindler
Adrian Schindler (détail)
Adrian Schindler (détail)
Adrian Schindler
Adrian Schindler
Adrian Schindler (détail)
Adrian Schindler (détail)
Julien Serve
Julien Serve
Julien Serve
Julien Serve

Dans la série « énervant mais pas grave », le stand de la galerie agnès B. remporte le pompon haut la main. Agnès B. parvient à proposer un accrochage très mémère avec une série de fonds de tiroirs sans autre intérêt que leur aspect people. Ainsi s’enchaînent les merdouilles grossières d’Harmony Korine (il faudrait interdire aux cinéastes branchés de faire de la peinture ou du dessin et inversement!) et les affreusetés d’Andy Warhol, le tout vendu non pas au prix de la merde (ce qui aurait eu le mérite d’être un chouia conceptuel!) mais à celui de l’or. Ainsi, vous pourrez décorer votre intérieur avec une chose d’Hamony Korine pour 3000 euros (alors que pour moitié moins vous avez un Michel Galvin!) ou un dessins raté de Warhol de 1952 pour 30.000 euros… y’a pas de justice, ma bonne dame !

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Lire le post sur l’édition Drawing Now 2012 ici>>>.