Les émissions de Guillaume Durand sont toujours assez déconcertantes tant elles sont faites de bric et de broc et que l’animateur vedette s’arrange toujours pour que ses invités ne puissent jamais aller au bout de leur pensée. Mais lors de son Objet du Scandale d’hier soir, il faut avouer que le vieux-beau s’est surpassé avec une idée super neuve : faire une table-ronde avec quatre français face au Ministre de la Culture. Et comme Frédéric Mitterrand, actuellement en charge du marocain, n’est pas un Ministre comme les autres, il fallait des « vrais gens » triés sur le volet : un libraire moustachu, un représentant de la « France-d’en-bas-du-Nord », une femme (!) et un jeune animateur radio.

Frédéric Mitterrand

Comme les « vrai gens » ont la fâcheuse tendance à être un peu chiants, Guillaumounet a fait venir quelques uns de ses potes peoples connu pour apporter aux soirées de l’ambassadeur un vernis culturel toujours du plus bel effet.

Comme à son habitude, Frédo était clair, relativement précis dans ses interventions malgré la difficulté de l’exercice… car il faut dire que Guillaume Durand avait invité une sacrée bande d’abrutis, représentants télégéniques et caricaturaux de ce qu’ils sont sensés être.

Passons sur l’animateur radio (donc forcément jeune, « ben ouais coco c’est ça la FM ») n’avait pour seule revendication que « les vieux lui laissent leur place, parce que les journalistes français sont nul comparés aux américain »… c’est dire la teneur hautement intellectuelle et documentée des propos de ce d’jeuns.

Passons également sur la « femme » qui semblait totalement perdue sur le plateau de Durand, un peu comme si elle s’était trompée de studio (« Euh, c’est pas ici pour l’émission de Delarue? »).

Les deux cadors de ce plateau, hormis évidemment les peoples, étaient le libraire moustachu et le représentant de « la-France-d’en-bas-du-Nord ».

Le représentant de « la-France-d’en-bas-du-Nord », dont le défaut d’élocution interdisait de comprendre la moitié de son discours, était sincèrement révolté par le fait que les concerts de Patrick Bruel sont trop chers et que les Français, comme lui, ne peuvent pas se permettre d’y aller. Là, on pouvait sentir que Frédo songait intensément au suicide (et pas nécessairement au sien), mais en gentlemen il tente avec un certain brio un coup d’empathie. Le représentant de « la-France-d’en-bas-du-Nord » revient à la charge en s’indignant également du prix des cd de Patrick BruelFrédo regarde le pauvre bougre avec une saine et touchante compassion… « Si vous saviez mon bon monsieur… »

Mais le plus balèze, le plus révolté, le plus « de gauche » (comme dans la chanson de Miossec), le plus « on-ne-me-la-fait-pas-à-moi », le plus Tout, était incontestablement le libraire moustachu. Probablement proche de la soixantaine, une moustache à la Vercingétorix, le cheveux long et l’œil vitreux, notre révolté libraire n’y est pas allé par quatre chemins : « La télé, c’est Sarko qui la dirige » (premier défonçage de porte ouverte), « la télé c’est que de la promo et pas de la culture » (deuxième défonçage de porte ouverte option bazooka), « la culture c’est trop cher » (troisième défonçage de porte ouverte option munchaku), « la culture est aux mains des grand industriels de l’armement qui nous manipulent » (quatrième défonçage de porte ouverte option hallebarde), etc… bref un festival. Pendant ce temps, Frédo commençait à douter sérieusement que la fréquentation des livres éveille l’esprit alors que Guillaumounet jubilait devant un tel taux de crétinisme alpin, présage des meilleurs audimats.

A ce moment, c’est à notre tour de se prendre d’empathie pour Frédo, d’autant plus que pendant le déroulement de l’émission on lui a collé Michel Drucker (caution intellectuelle ou andicap ? à voir!) quasiment sur les genoux. L’Objet du Scandale est vraiment l’émission la plus marrante de la télé publique, c’est juste dommage qu’elle soit vendue comme une émission culturelle.