Disclaimer : Je tiens à m’excuser auprès du lecteur pour ce calembour pourri, mais je suis sincèrement amoureux de ce genre de jeux de mots minables.
Jusqu’au 13 décembre, Mains d’Oeuvres (Saint Ouen) propose une exposition consacrée à la pensée de Gilles Deleuze. Pour « Blown Up! A la recherche des élèves de Deleuze » (commissariat : Isabelle Le Normand), les deux artistes Silvia Maglioni et Greame Thomson ont investi l’espace d’exposition de documents, vidéos, schémas faisant référence à la pensée du philosophe. Au centre du dispositif se trouve une « salle de classe » (en fait une immense table aménagée par les artistes) pouvant reçevoir des « cours délocalisés ».
A priori, une expo de ce genre aurait tout pour m’énerver. Tout d’abord, j’ai fait une grande partie de mes études à Paris 8 où plane le pesant fantôme de Deleuze (j’ai même fait un tour au département philo où des étudiants de première année disaient trés sérieusement « moi, en tant que Deleuzien, je ne peux pas penser ça »!!!). Parmi les « anciens », il y a un culte quasi fanatique de ce penseur transformé en vache sacrée (qui fait – au passage – fuir ses potentiels nouveaux lecteurs). Ensuite, parce que j’ai commencé à m’intéresser à l’art contemporain à un moment où nombres d’artistes se gargarisaient de « concepts » deleuziens (« déterritorialisation » par là, « devenir truc-muche » par ici, « rhizome », etc.), de manière totalement gratuite. Enfin, j’appréhende ce genre de manifestation parce que généralement les célébrations m’enmerdent et que les philosophes qui ont fait du Deleuze après Deleuze ne donnent finalement pas grand chose.
Le prinicipal piège de ce genre d’expo est donc de construire un mausolé, un monument un peu nigaud à la gloire d’un individu sous le patronage duquel on aimerait se placer (cf. expo « Roland Barthes » à Beaubourg). Souvent, ce genre d’initiative – sans être totalement inintéresante – donne l’impression d’assister à un exposé de 5ème.
Avec « Blown Up! A la recherche des élèves de Deleuze« , Silvia Maglioni et Greame Thomson sont parvenus à ne pas tiomber dans ce genre de facilité, notamment parce qu’ils maitrisent parfaitement leur sujet : leur travail va au delà du simple name dropping, pratique trop fréquente dans l’art contemporain. Maglioni et Thomson ne se contentent pas de montrer Deleuze comme on montrerait une bête curieuse, mais proposent des dispositifs permettant d’entrer dans la pensée du philosophe. « Blown up! » est parfois un peu rugueux, mais le résultat est finalement très enthousiasmant.

A signaler également, les affiches et flyers de Mains d’Oeuvres réalisés par Akatre en résidence dans les lieux.