C’est vrai que je n’ai jamais vraiment compris l’intérêt d’une peinture comme celle de Soulages. Le coup du rapport entre peinture et lumière, puis le noir qui a priori exclut la lumière, sans compter sur le renfort lexicologique de l' »Outrenoir » (à ne pas confondre avec l' »entonnoir »!) – terme pompeux qui nous refait le coup du « ce qui est là n’est que la surface d’un Autre »…
N’étant jamais allé à Rodez, je n’avais jusqu’alors vu que les toiles disponibles dans les institutions parisiennes. Exposées seules, sur un mur isolé, ces œuvres font leur petit effet. On les imagines dans un loft très épuré au dessus d’un canapé design… mais de là à en faire « l’une des figures majeures de l’abstraction depuis la Seconde Guerre mondiale [rien que ça!]. ». A en croire que les types qui font les brochures des expos au Centre Pompidou ne sont pas très calés en d’histoire de l’art… extra hexagonal (je n’ose croire que les brochures du CP sont uniquement destinées à sur vendre une expo pour laquelle on a déjà payé sa place) !
L’exposition Soulages – sobrement intitulée « Soulages » (ils n’ont pas osé la typo rose fushia!) – joue quant à elle l’accumulation. On parcourt les salles remplies ras-la-gueule des toiles du peintre rodezien, on n’arrive pas vraiment à les distinguer les unes des autres, on se marche un peu dessus… si bien qu’on finit par s’intéresser à tout autre chose que les œuvres exposées.
C’est évidemment ce qu’il ne fallait pas faire. J’aurais dû passer mon chemin. Pas grave si l’expo ne me plaisait pas, après tout je n’avais pas payé l’entrée. Mais non, il a fallu que je me fixe sur un détail, une connerie. Puis comme je n’étais pas seul, accompagné par Géraldine, la chose à pris des proportions extravagantes. Et c’est pas pour dire, mais Géraldine n’est pas la dernière pour surenchérir sur le mode « cancre » [si j’en crois ses articles pour Magazine et sur son blog].
Ce détail anodin, c’est la poussière accumulée sur les toiles de Soulages. C’est vrai que le noir ça n’aide pas ! Après, impossible de s’en dépêtrer, on voyait de la poussière partout. Ma seule envie : m’emparer d’un Swiffer géant afin de laver l’infamie faite à « l’une des [pour ne pas dire « LA »] figures majeures de l’abstraction depuis la Seconde Guerre mondiale« . Mais pas de Swiffer à l’horizon. On cherche, on va jusqu’au bout de l’expo au pas de course. Horreur et damnation, on remarque que les vitres sont également craspouilles : vite du Glassex. Feuilletant fébrilement le prospectus d’expo, je me rends compte que l’exposition est sponsorisée par Nespresso (le « noir » évidemment!) mais ni Swiffer ni Glassex : fatal error! Épuisés par tant de dévouement à la cause picturale, nous ressortons de l’expo.
Sur le mur avant de sortir, on lit cette citation de Soulages « Pourquoi le noir? la seule réponse, incluant les raisons ignorées, tapies au plus obscur de nous-même et des pouvoirs de la peinture, c’est : PARCE QUE. ». Et là on se dit d’abord que c’est moche de vieillir et ensuite, quel meilleur hommage au sponsor Nespresso que cette citation qui sonne comme le « What Else » de George Clooney.
Le noir est moins salissant paraît-il…
h ah ah! très bon, la poussière du centre pompidou! c’est vrai qu’en sortant de l’expo on a envie de parler de tout, sauf de soulage
le grand Soulages a peint un seul tableau dans sa vie , celle plein de noire .
Dommage de passer à côté d’un des plus grands artistes du siècle. Chacun ses limites. Le swiffer pour Soulages? Admettons que c’est de l’humour, où bien l’expression d’un désarroi. Car il y a des choses qui résistent aux mots, tout ne s’explique pas.
Même si je trouve le travail de Soulages important et beau, votre article est hilarant!