Depuis quelques temps, le Musée d’Orsay a interdit aux visiteurs de prendre des photos des oeuvres exposées. Raisons invoquées : le chahut généré par ces hordes de photographes amateurs. Signe que ce genre de visite de musée ne constitue probablement pas une démarche « correcte » (du moins dans l’imaginaire de la visite du musée qu’ont certains conservateurs arrières)! Pour ma part, je pensais naïvement que cette « peur du peuple » avait disparu, du moins en surface,  de la panoplie du parfait Petit Conservateur des Musées Nationaux… mais comme on est dans une époque où réapparaissent ce qu’on pensait ne plus avoir à supporter…

Afin de préserver le confort de visite et la sécurité des oeuvres comme des personnes, il est désormais interdit de photographier ou de filmer dans les salles du musée. Cette mesure est notamment liée à la multiplication des prises de vue « à bout de bras » via des téléphones mobiles. Les reproductions de la plupart des oeuvres des collections peuvent être téléchargées à partir du site (catalogue des oeuvres,oeuvres commentées notamment).

Pour tout ce qui concerne les prises de vue ou tournages relevant d’une utilisation collective ou commerciale, voir la rubrique Professionnels-Entreprises. (extrait du site du musée d’Orsay)

Outre le fait que dans cette logique on pourrait également considéré les Magasin de Musée (où l’on vend autant de magnets de la Joconde que de livres érudits sur le sujet !) comme une dénaturation de la sacro-sainte « expérience esthétique » (on pourrait aller jusqu’à dire que la présence d’autres visiteurs est une gêne faites aux authentiques esthétes, seules aptes à contempler les oeuvres…), cette décision est en totale décalage avec les nouveaux usages de la consommation culturelle. Car prendre une photo d’une oeuvre, d’un détail, d’une salle, etc., c’est aussi peut-être une manière de s’approprier une visite, même si on sait que dans la plupart des cas ces images iront pourrir aux tréfonds des disques durs de nos ordi.

Mais la résistance s’organise pour remédier à cette politique des publics de la direction du Musée, notamment avec les flash-mobs organisés par OrsayCommons. Je ne développerai pas plus ce point au risque de paraphraser le très bon article d’André Gunthert sur le sujet de la photographie au Musée,

Il ne faut aussi pas oublier que les nombreuses prises de vues amateurs sont un précieux outil de travail pour les chercheurs qui travaillent sur l’histoire de l’exposition : c’est une manière de ne pas avoir comme seule source iconographique les vues d’expo fournies par le service de presse (lorque celles-ci existent, ce qui n’est pas toujours le cas pour les expositions anciennes).

Il est également nécessaire d’essayer de stopper l’inflation du contrôle de l’image et des droits de reproduction inhérant toujours plus prohibitifs. Il arrive même que la surenchère liée a ces droits à l’image interdisent la circulation des idées, comme lorsqu’un livre ne peut être rééditer parce qu’entre la première édition et aujourd’hui le coût des droits de reproduction a flambé (c’est notamment le cas pour un excellent The Power of Display de Mary Anne Staniszewski à l’iconographie trés fouillée et désormais indisponible à moins de le trouver d’occasion).

+++

Voir la liste des articles concernant OrsayCommons :

http://www.facebook.com/groups/159498677427996/doc/?id=159647537413110

+++

Discussion lors du Sit-In OrsayCommons (À l’invitation de Marc Sanchez, en présence de Serge Chaumier, enseignant chercheur en muséologie et responsable du Master Muséo-Expographie à l’Université d’Artois, et d’André Gunthert, chercheur en histoire visuelle et directeur du site culturevisuelle.org.) :

http://soundcloud.com/juliendorra/sit-in-orsaycommons-monumenta#