
Il est parfois sain d’avouer sa totale incompétence à parler d’une oeuvre et c’est exactement ce que je m’apprête à faire avec le travail de Ryan Trecartin exposé actuellement au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Autant le dire franchement, je n’ai rien compris à cette exposition et je suis même presque incapable de la décrire.
Un gros paquet de vidéos qui s’enlisent outrageusement dans un kitch très convenu (j’ai l’impression de voir ce genre de gag visuel cent fois par jour sur you tube!) que n’arrive pas à sauver une projection version Home-Cinéma-de-show-room-de-chez-Darty autour de décors dont le seul intérêt semble être d’occuper l’espace d’exposition. La voix volontairement stridentes des bavardages de ces vidéos (en anglais non sous-titrés… ce qui renseigne sur la volonté du MAMVP de faire comprendre le travail de Trecartin au plus grand nombre!) finit de répulser le spectateur même le plus bienveillant.
Naturellement, lorsqu’on ne comprend pas ce qu’on voit, on se reporte aux outils de médiation mis à disposition par le musée. Initiative relativement vaine tant la brochure de l’expo pratique une forme de terrorisme intellectuel feutré cher au WoA [1] :
Any Ever est un univers en expansion. On n’y pénètre qu’en acceptant de réexaminer les codes du monde réel et les règles du langage. [traduction : « si tu ne comprends pas le boulot de l’artiste, c’est que t’es un vieux réac incapable de revoir ta manière de voir le monde »]
Mais bon, on peut se dire que cette phrase malheureuse est une manière d’accrocher le spectateur. D’ailleurs, ce genre de phrase pourrait s’appliquer à n’importe quelle expo, voir à toute sorte de lieu (supermarché, patinoire, back room de sous préfecture, etc.). Donc, sans perdre patience, je lis attentivement la suite de la doc pour me rendre compte que – malgré la bonne volonté et la naturelle charité païenne que je m’évertue d’appliquer à toute tentive de montrer des artistes – je dois abandonner tout espoir de salut par le texte :
Elaborée depuis deux ans avec les artistes, l’exposition du musée d’Art moderne de la Ville de Paris est conçue comme un environnement protéiforme. Le spectateur est entraîné dans un copier-coller sans fin, anarchique et jubilatoire. Cependant, aucun de ces récits n’est univoque ; les comportements s’y répètent en boucle ou soudain échappent aux motivations qui avaient semblé les guider. [communiqué du MAMVP]
Alors une seule question reste en suspend : Comment une institution qui n’a rien à dire sur un artiste, qui ne semble pas avoir regardé ses oeuvres ne serait-ce pour tenter de les faire partager aux visiteurs, peut-elle lui consacrer une exposition aussi conséquente ?
[1] World of Art, qui évidemment ne peut s’écrire qu’en anglais !
ça me rassure, par curiosité j’avais regardé les vidéos sur youtube (péniblement) et cherché des explications… quelque art. Et je suis anglophone à la base, mais ça n’a pas aidé….
oups, lire « quelque part », si l’art se glisse dans les commentaires par erreur maintenant…