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Dans son discours du 18 Brumaire, Karl Marx dressait ce constat sans appel : « l’histoire mondiale surgit pour ainsi dire deux fois […] : la première fois comme tragédie, la seconde comme farce[1] ». Cette intuition marxiste pourrait largement s’appliquer à la culture de masse si ce n’est que dans le contexte actuel, la farce semble se constituer en long point d’orgue…

Si certains groupes de Black Metal constituent un intérêt musical indéniable (par exemple, je tiens Quantos Possunt Ad Satanitatem Trahunt de Gorgoroth pour un grand album), en revanche leur look — surtout lorsqu’il se combine avec un esprit de sérieux un peu niais — laisse quelque peu à désirer. Dans les années 1970, Alice Cooper ou Kiss se grimaient sur scène. C’était déjà une version grotesque de l’horreur qui accompagnait la vague jouissive du cinéma gore. Mais aucun de ces types ne prenait au sérieux leurs pignolades, qu’elles soient scéniques ou scénaristiques (alors que les choses tenaient la route musicalement ou cinématographiquement, mais c’est une autre question).

Il a fallu attendre la fin des années 1980, et surtout les années 1990, pour que la farce commence à avoir des relents de gueule de bois. Une bande de lourdauds venus du nord de l’Europe — abreuvés de mauvaise bière, d’ésotérisme pour shampouineuses et de cours d’histoire suivis en pointillés — décident d’aller brûler des églises, de jouer aux satanistes, voire de dézinguer leur copains… le tout grimés de noir et de blanc (idée probablement né d’un trauma contracté lors de l’épreuve « maquillage-de-papillon-sur-visage-de-gamine-de-6-ans » du BAFA !). Heureusement, l’affaire est sauve grâce au site Bargain Bin Blasphemy qui propose de grimer l’ensemble de la variété internationale aux « couleurs » des black-métaleux. Les titres des albums sont aussi retouchés histoire de faire vraiment « peur ».  Sensation Satanisme garanti !

Seul bémol, les titres retouchés des pochettes sont très lisibles alors que ce qui caractérise les pochettes de Black Métal et que les noms des groupes sont rendus indéchiffrables par des typos venus d’un ailleurs inexploré (à tort ou à raison !) du design graphique contemporain.

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[1] Karl Marx, Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte (1851), Paris Editions sociales, 1992 , p. 69.