Il y a des expositions dont on n’arrive pas à dire, au premier abord, si elles nous ont plu. Pour ma part, il s’agit en général d’expositions qui présentent des œuvres que je découvre ou redécouvre. Dans un premier temps, j’ai du plaisir à les (re)voir, puis assez rapidement, je suis un peu confus de me rendre compte qu’elles sont un peu perdues dans une sorte de « désert ». C’est ce genre d’impression qui se dégage de l’exposition Vraoum ! à la Maison Rouge.
Le problème de cette expo est qu’elle ne prend aucun risque. Les planches de bédé présentées sont archiconnues, signées des maitres incontestables du genre… bref de belles pièces. Seul hic, aucune contextualisation, aucune explication, seule une scénographie ultra scolaire (thématiques rebattues, accrochage linéaire, etc.) voudrait nous faire comprendre le propos des deux commissaires. Si bien qu’on a rapidement l’impression de se retrouver dans une exposition type « salon de la bédé ». Même si la mission de la Maison Rouge est de montrer des collections particulières, elle nous avait habituées à des expositions plus « excitantes ».

Dans cet amoncellement, où sont les jeunes auteurs européens, américains ou japonais (il est d’ailleurs troublant que la bédé japonaise soit représentée par des cellulos de dessins animés et rarement par des planches !) ? Comment comprendre les récentes évolutions de cet art, ce que l’on nomme un peu pompeusement « roman graphique » (quasiment absent de Vraoum!) ? Les bédés sont-elles seulement des images (ce que tendrait à montrer Vraoum!) ou alors une « manière de faire des mondes » ? Le « foyer de l’attention » (cf. Davies) de la bédé se trouve t-il dans les livres que nous feuilletons ou dans des planches muséifiables et échangeables sur le marché de l’art (ce qui n’est pas un mal en soit, mais il me parait important de préciser ce genre de choses) ? Qu’en est-il du (récent) regain d’intérêt du WOA pour la bédé (cette année on a vu des expositions de Crumb ou de David B. dans des galeries parisiennes FIAC-isables) ?
Ne cherchez pas début de réponse à ces question à Vraoum! : les deux commissaires de l’exposition sont trop occupés à montrer que la bédé est un « Art » (qui en doutait encore ?). Et dans leur conception hyper classique de l’art, il faut bien qu’il y ait des maîtres, cqfd…
Il y a quelques années, j’avais lu une critique de l’essai de Greil Marcus (Lipstick Traces) qui disait que ce type était capable de rendre ennuyeuse la plus excitante des aventures de la contre-culture, c’est un peu l’impression qui reste après la visite de Vraoum !