Si il est une exposition qui s’ouvre sous les pires hospices, c’est bien la rétrospective que le Centre Pompidou Paris consacre à Arman jusqu’au 10 janvier 2011.
De son vivant, Arman était considéré de manière assez dédaigneuse par le monde de l’art contemporain. On lui reprochait de produire à la chaine (chose qu’on n’oserait plus reprocher à un artiste aujourd’hui !) et de tourner à vide (sic!) sur ses glorieuses années des Nouveaux Réalistes. Dans l’excellent documentaire (à charge!) de Jean-Luc Léon (Le Marchand, l’artiste et le collectionneur, 1995), on avait même entendu son galériste parisien Pierre Nahon déclarer que si Arman était mort dans les premières années des Nouveaux Réalistes (sous entendu « comme Klein »), il serait devenu un artiste majeur…
D’autre part, comme le rappelle Harry Bellet dans le Monde, les différents héritiers de l’artiste se déchirent l’héritage de part et d’autre de l’Atlantique, privant l’exposition de quelques pièces majeures de l’artiste. D’ailleurs, un avertissement aussi laconique qu’énigmatique est placardé à l’entrée de l’exposition comme pour se disculper de cette situation embarrassante : « En raison des litiges opposant actuellement les héritiers d’Arman, les mentions relatives à leurs prêts d’œuvres telles que figurant ci-près, ne sauraient, en l’absence d’une décision judiciaire définitive, présumer de la légitimité de leur propriété respective ». Le visiteur à d’emblée l’impression d’avoir été invité a un diner de famille qui tourne au vinaigre… Bref, toutes les conditions étaient réunies pour que la rétrospective Arman soit un fiasco total.
Et pourtant, malgré cette ambiance pourrie, l’exposition Arman est plutôt réussie, notamment pour son volet didactique. Pour cette exposition, le Centre Pompidou semble avoir fait un effort sur les notices explicatives abandonnant pour l’occasion le novlangue de l’art contemporain pour proposer des notices claires et détaillées aux visiteurs. Ces explications sont particulièrement salvatrices pour expliquer le contexte d’une œuvre finalement assez complexe.
A priori, Arman n’est pas vraiment ma tasse de thé. Bêtement, je partageait probablement cette fameuse méfiance du monde de l’art contemporain pour cet artiste archi-connu et relativement populaire dans les dernière années de sa vie (même si il n’était pas aussi célèbre que son rival niçois César). Mais comme le Centre Pompidou a du se contenter d’œuvres moins connues, de pièces moins « prestigieuses », c’est aussi l’occasion de découvrir des œuvres et des documents rarement présentés (notamment les films où on voit Arman confectionner ses œuvres ainsi que les entretiens audio ou vidéo de l’artiste). Il se dégage malgré tout une sorte de nostalgie dans cette exposition ; nostalgie engendrée par les objets des Trente glorieuses (rasoirs électriques, ampoules, bruleurs à gaz, paquets de cigarette, etc) accumulé par Arman. On a en quelque sorte l’impression de se retrouver dans la peau des enfant post-nucléaires de Mad Max découvrant les vestiges crasseux d’une civilisation disparue.
Alors, on se prend à (re)découvrir certaines pièces comme Du Producteur au consommateur (1997) où quatre caddies de supermarché sont pris en sandwich par un frigo coupé en deux ; ou encore Endless Variation n°1 (1967-1968) sculpture combinatoire particulièrement intéressante ; sans oublier Accumulation Renault n°152, composée de capots de R16 empilés de manière à former un dégradé de couleurs. On se dit alors que certaines de ces pièces ont un réel intérêt dans l’histoire récente de l’art et que même si l’artiste a parfois sombré dans une certaine facilité (cf. les honteux remakes de Van Gogh…), il y a à chacune de ses périodes des pièces dignes d’intérêt.

De grosses réserves toutefois sur la scénographie de l’exposition concernant (finalement) le trop plein de choses exposées. Bizarrement, l’accumulation d’accumulations donne un peu la nausée, surtout dans l’espace relativement restreint alloué à l’exposition (lors de ma visite de l’expo, j’ai entendu plusieurs personnes dire qu’elles se sentaient oppressées par cet accrochage…). Il faut ajouter que l’incompréhensible quadrillage au sol finit de « brouiller » les œuvres et ajoute à la confusion. Pour finir, je ne résiste par à l’envie de vous retranscrire l’avertissement figurant devant la reconstitution de Concious Vandalism (1975) : » Œuvre fragile, merci de ne pas toucher »… probablement de l’humour de régisseur.
Pour Arman il y a aussi
http://www.arman-studio.com
http://armancommunity.net
http://fondation-arman.ch
Et aussi Wikipédia etc…
Bonne lecture
Marc
J’ai beaucoup aimé cette exposition,- en effet un peu nostalgique pour un quinquagénaire -; elle permet de découvrir des oeuvres originales de l’atiste, comme ses accumulations colorées d’instruments de musique, beaucoup plus intéressantes que les bronzes décoratifs qui en ont été coulés.
J’ai découvert « Arman l’Enragé » !s’attaquant aux objets,pièces de mobilier, instruments de musique, pour les détruire de multiples façons : à coups de hache, par le feu… ou par une découpe méticuleuse, par exemple la contrebasse.