Larry Clark s’est fait connaitre avec des photos et des films traitant – pour faire vite – de la sexualité des ados lookés. On ne peut dire que cette œuvre soit particulièrement intéressante tant elle est « premier degré » et surtout qu’elle est largement supplantée par les œuvres bien plus complexes de Nan Goldin, Richard Kern ou Romain Slocombe (dans un autre registre, il est vrai). Car chez Clark, il y quand même un petit côté pervers pépère, une absence totale d’élégance, celle-là même que l’on retrouve chez d’autres photographes.

 

Gotlieb, Pervers Pépère.

 

Le principal reproche que je ferais à Larry Clark est de produire des images un peu nunuches, ultime trace de la mtv-sation de la jeunitude des 80′ recyclé dans les 00′ par la com’ de Converse ou Zazig & Voltaire. Alors il y a toujours deux ou trois images « cultes » chez Clark (comme Untitled (1972) qui fait la Une de Libé, moment de grâce des débuts), mais il faut admettre que ses films sont chiants et poseurs  (sombrais-je dans la caricature en paraphrasant Desproges (à propos de Duras) en disant que « Clark n’a pas photographié que des conneries, il en a aussi filmé »…). Bref la routine du WOA!

 

Une de Libération, octobre 2010.

 

Tout cela était sans compter sur la brillante idée du MAMVP d’organiser une expo consacrée à l’artiste. Et comme les associations lobbyistes (ici, les intégristes cathos) sont de plus en plus professionnels dans l’art de faire chier leur prochain, la Ville de Paris a choisi d’interdire l’entrée de l’expo aux moins de 18 ans.

Comme l’écrit Magali Lesauvage dans fluctuat.net, le MAMVP aurait pu se contenter d’un avertissement responsabilisant chacun face au contenu de l’exposition. Mais pour ma part, je pense que la décision de la Ville de Paris est beaucoup plus efficace. Décider d’interdire l’expo aux moins de 18 ans, c’est couper l’herbe sous le pied des intégristes et puritains de tous poils. On l’a vu avec « Présumé Innocent » (expo au Capc de Bordeaux en 2000), un avertissement n’a jamais protégé contre les velléités médiatiques des lobbyistes. Bien au contraire, elle jette la suspicion sur les œuvres non englobée par l’avertissement en question et laisse le champ libre aux vrais censeurs.

Alors, interdire l’expo Larry Clark aux mineur, c’est finalement faire une pub inespérée à l’artiste. Les mémères, qui forment habituellement le gros des troupes des visiteurs du MAMVP, vont pouvoir s’encanailler pour, autour du gigot dominical, papoter avec leurs ados qui, d’ici là, se seront probablement rués sur e-mule pour télécharger les films de Clark ou sur Google image pour mater les photos de quéquettes et de foufounes. Et si cette interdiction allait enfin combler le faussé des générations ?

Blague à part, le problème avec l’exposition Clark, c’est qu’une fois de plus toute la critique se sent obligée de défendre l’expo (qui n’est pas censurée mais seulement « ixée ») sans jamais émettre l’ébauche de la queue (sic) d’une évaluation sur l’œuvre du photographe… dommage!