L’exposition des plans-reliefs présentée au Grand Palais regroupe une série de maquettes destinées à l’usage militaire. Ces maquettes dormaient jusqu’alors dans les sous-sols des Invalides. Occasion, donc, de voir ces maquettes regroupées dans l’espace du Grand Palais. Occasion aussi, d’essayer de comprendre le périmètre de la fameuse Maison de l’histoire de France dont cette exposition est la première manifestation hors-les-murs, en avant première de l’ouverture du nouveau musée voulu par notre sémillant monarque républicain.

Véritable challenge que de présenter une quinzaine de plans-reliefs, chacun faisant plusieurs dizaines de mètres carrés. Il fallait donc proposer une scénographie permettant à la fois d’avoir une vue d’ensemble, de pouvoir s’approcher des plans, mais aussi de multiplier les angles (concurrence de Google Earth oblige!). De ce point de vue, le pari est remporté, car les stands présentant les plans parviennent à prendre en compte la spécificité de chaque maquette et d’en offrir les vues les plus compètes possibles au moyen de passerelles, coursives et jeux de miroirs. La disposition des stands en étoile autour de la carte centrale imprimée au sol offre une distribution efficace tout en permettant d’expérimenter corporellement le fameux plan Vauban.

Premier choc, l’échelle de ces plans-reliefs déconcerte. On comprend bien qu’il s’agit d’obtenir une vision d’ensemble des places fortes à défendre et en ce sens, le moindre élément pouvant entraver ou faciliter le déplacement des troupes (bosquet, arbre, talus, chemin, etc.) est reproduit. Aucune concession faite à la décoration, malgré l’impression première offerte par la scénographie de l’exposition. Car il ne faut pas oublier que ces objets sont avant tout des outils militaires, comme d’ailleurs nombre de cartographies dressées encore aujourd’hui.

Le principal grief est l’aspect hermétique de l’exposition malgré les multiples dispositifs ludiques déployés et censés faciliter la compréhension du public. Hélas, ni les longue-vues disposées sur les balustrades, ni les bornes Google Earth, ni les incrustations sur fond vert, ni les tablettes tactiles (utilisées de manière totalement ineptes d’ailleurs!) ne parviennent vraiment à faire pénétrer le spectateur dans l’histoire de la cartographie militaire. Bien au contraire, ces dispositifs finissent par créer une exposition parallèle peuplée de petites amuseries sans grand intérêt. On aurait aimé voir, par exemple, les outils permettant les relevés topographiques de l’époque, ou encore qu’on nous explique la manière dont le commandement utilisait ces plans-reliefs (j’imagine qu’ils avaient des sortes de pions comme dans un jeu de Risk, mais je n’en sais rien!). Au lieu de cela, même les cartels explicatifs « sérieux » sont ponctués d’anecdotes n’ayant parfois qu’un lointain rapport avec le sujet traité (cf. ci-dessous). Certes,  la cartographie est un monde complexe qui demande certaines connaissances, mais on sent bien que l’équipe de « La France en relief » n’a pas vraiment su trancher. D’ailleurs les visiteurs ne s’y sont pas trompé, car tout le monde se retrouve sur la grande carte centrale où chacun cherche à localiser sa ville d’origine…

Anecdote relativement hors sujet concernant le plan de Briançon.
visiteurs cherchant leur ville d'origine sur la grande carte de France

Enfin, la présentation de la carte de Brest est un peu problématique. L’immense plan-relief est présenté comme les autres, c’est-à-dire entouré de balcons offrant une vue surplombante. Comme pour les autres également, des longue-vues sont disposée sur les balcons (ces longue-vues sont davantage des objets de décoration que des éléments de compréhension de la carte car le visiteur ne peut pas les orienter comme il le souhaite et leur réglage est limité). Dans le fond du stand, est projeté une série d’images d’archives sonorisées relatives aux bomdardements de la Seconde guerre mondiale. Même si on sait que c’est pendant ces bombardements que Brest fut en partie détruite, il parait quelque peu paradoxal de montrer des images d’archives sans réel lien avec la période historique à laquelle se réfère le plan-relief brestois, c’est à dire d’avant Napoléon III. Cette projection instaure une confusion historique à la fois visuelle et sonore (les bruits de bombardements n’ont probablement rien à voir avec les tirs de canons et la mitraille du 19e siècle!) qui trouble quelque peu la lecture de ce dernier plan-relief.

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la France en relief. Chefs-d’oeuvre de la collection des plans-reliefs de Louis XIV à Napoléon III, Paris, Nef du Grand Palais, 18 janvier 2012 – 17 février 2012

Liste des plans présentés
Montmélian (Savoie), Embrun (Hautes-Alpes), Briançon (Hautes-Alpes), Montdauphin (Hautes-Alpes), Grenoble (Isère), Fort Barraux (Isère), Exilles (Italie), Fenestrelles (Italie), Besançon (Doubs), Neuf-Brisach (Haut-Rhin), Strasbourg (Bas-Rhin), Luxembourg, Berg-op-Zoom (Pays-Bas), Saint-Omer (Pas-de-Calais), Cherbourg (Manche), Brest (Finistère).

Commissaires généraux
Max Polonovski, directeur du musée des Plans-reliefs
Eric Deroo, historien et documentariste, membre du Comité d’orientation scientifique de la Maison de l’histoire de France

Commissaire associée
Isabelle Warmoes, ingénieur d’études au musée desPlans-reliefs

Scénographie
Agence NC Nathalie Crinière