
Jusqu’au 6 aout, le Centre Pompidou présente une exposition originale de l’artiste Anri Sala (né en 1974). Il serait réducteur, voir absurde, de dire qu’on peut y voir les quatre films annoncés dans la brochure (1395 Days without Red, (2011), Answer Me, (2008), Le Clash (2010), Tlatelolco Clash, (2011)). Car ce ne sont pas des « films » que sont invités à voir les visiteurs, mais un montage in progress de ces films. Le dispositif imaginé par Sala est aussi simple qu’efficace : les films apparaissent successivement (et de manière aléatoire) en projection sur des écrans qui ponctuent le parcours de la salle du rez-de-chaussée du Centre Pompidou. Le visiteur est donc amené à suivre les écrans.
Cette transhumance du spectateur se fait évidemment en troupeau, ce qui donne un balai assez captivant lorsqu’on regarde la scène de la rue par les grandes baies vitrées. D’ailleurs, dans un entretien avec Christine Macel, Anri Sala déclare : « Mon intention n’est pas de mettre l’accent sur l’un des films ou l’un des objets exposés, mais de créer entre eux une correspondance singulière qui va indiquer le tempo au spectateur et lui suggérer son cheminement à travers l’exposition, comme une chorégraphie. »
On comprend assez rapidement que ce qu’il y a à voir n’est pas chacun des films, mais un montage entre ces films, alors considérés comme des rushs. Chacune des scènes apparaît sans générique ni carton, ce qui donne l’impression d’assister à un spectacle « cohérente » dans un premier temps. En alternant la projection sur les divers écrans de la salle, l’artiste parvient à plonger le spectateur dans une errance semblable à celle de la brune mystérieuse aux faux airs d’Anna Mougladis de 1395 Days without Red. Reste que l’ensemble des autres oeuvres exposées passent un peu à la trappe en regard de l’expérience offerte par le dispositif vidéo. Reste également qu’on n’est pas certain que les films revus séparément (et dehors du dispositif du Centre) puissent dès lors être aussi captivants par la suite. Peut-être que l’effet pervers de cette installation (et donc sa réussite!) est de nous faire prendre conscience que nombre de vidéos d’art contemporain ne sont que de longs plans de coupe combinables à merci…

High-definition video projection, stereo sound, 4 min 51 s, 3/6.*

Centre Pompidou Paris3 mai – 6 août 2012 11h00 – 21h00 |
merci de cette analyse
Ce ne sont pas des rushs mais quatres films bel et bien finis (déjà présentés séparement dans sa galerie ou au festival d’automne). Ils remontés ensemble pour former une boucle d’une heure qui s’intitule « Extended play ». L’artiste a spacialisé les images et le son de ses films dans l’espace d’expostion pour en faire une oeuvre.
Maintenant si tu penses mieux savoir ce que tu vois que ceux qui ont fait ont fait cette exposition, tu ferais peut-être mieux de faire des expos toi même. Ou pas…
Ps : « Peut-être que l’effet pervers de cette installation (et donc sa réussite!) est de nous faire prendre conscience que nombre de vidéos d’art contemporain ne sont que de longs plans de coupe combinables à merci… » ça sent mauvais la frustration!
Je n’ai pas écrit qu’il s’agissait de rushs (d’ailleurs, je cite les films dans l’intro de l’article) mais que leur usage dans cette installation faisait penser à celui de rushs. Ce qu’a voulu faire l’artiste est une chose, mais la réception que peuvent en avoir les spectateurs en est une autre. Parfois ces visions coïncident, parfois non. Maintenant, on peut penser que l’art n’est pas fait pour être compris mais seulement admirer de manière quasi religieuse avec son catéchisme, ses rituels, etc…
C’est marrant, dès qu’on n’est pas d’accord avec une critique, on ressort le coup de la frustration. C’est vrai qu’un monde sans critique serait beaucoup mieux. Les abrutis de spectateurs peuvent bien se contenter des communiqués de presse après tout!