Quasiment tout le monde est revenu sur la qualité des photographies de Paul Graham, notamment lorsqu’il se consacrait, au début de sa carrière, à dépeindre les salles d’attente des agences pour l’emploi britanniques. Même si je partage cet enthousiasme, je préfère revenir sur la scénographie particulièrement intéressante proposée au BAL.

C’est vrai que la BAL nous a habitué à des expositions particulièrement soignées aussi bien pour leur accrochage que pour la scénographie en général. L’exposition consacrée à Paul Graham ne fait pas exception à la règle.

Paul Graham au BAL (sous-sol)
Paul Graham au BAL (sous-sol)

La solution adoptée pour présenter les éditions des livres du photographe est particulièrement intéressante. Le BAL a choisi de présenter les éditions de Paul Graham sous verres tout autour de la pièce. Les livres sont parfois ouverts, parfois fermés, ce qui permet de donner une sensation de manipulation mais aussi de collection (les couleurs forment une sorte de frise chromatique assez réussie). Des tablettes tactiles sont serties dans un meuble confectionné à cet effet qui émerge comme une forme quasi sculpturale au centre de l’espace dédié aux éditions. Il se crée alors un rapport d’équivalence entre le surface lissée des sous-verres intercédant entre le visiteur et le livre et ce qui se produit avec la surface plastique des liseuses que nous sommes invités à toucher. Sensation de perte de repères assez troublante.

Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
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Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
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Exposition Paul Graham au BAL (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL, meuble de lecture (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL, meuble de lecture (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL, meuble de lecture (salle de lecture)
Exposition Paul Graham au BAL, meuble de lecture (salle de lecture)

Au moment où on s’interroge sur les usages des tablettes numériques et autres liseuses dans le champs de l’édition (occasion inespérée pour les éditeurs peu scrupuleux d’arnaquer leurs auteurs grâce aux diffusions sur ce nouveaux support), le BAL offre une démonstration en creux de la spécificité du livre d’artiste comme objet manipulable avant tout. Car, même si le dispositif de la salle de lecture est largement supérieur (en qualité) à ce qu’on a l’habitude de voir dans d’autres institutions, il n’en demeure pas moins qu’on est toujours frustré de ne pas pouvoir passer sa main sur les couvertures, de sentir le grain et l’odeur du papier sous ses doigts de sous-peser les volumes… bref d’expérimenter la sensualité propre aux publications « papier ».