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L’exposition « Abruit » est une vaste programmation qui court sur plusieurs mois et s’inscrit dans plusieurs lieux du Havre à Paris liés par le festival « Art Sequana 2« . Impossible de parler de l’ensemble  tant le territoire couvert est vaste (et que je n’ai donc pas parcouru!), je m’attarderai donc sur le volet havrais.

Commisariée par Emmanuel Lalande et Jean-Paul Berrenger, l’exposition s’ouvre sur une installation de gros haut-parleurs disparates disposés en spirale. Tourbillonnant à souhait, cette pièce diffuse un son qui poursuit de visiteur. Bien plus que par les sons  sporadiques, on est happé par le mur d’ampli —  véritable sculpture qui constitue cette oeuvre. Alors, on a l’impression de se retrouver devant une sorte « d’archéologie du mur d’ampli », dispositif cher aux groupes de rock les plus bruyants et qui ici fait office de sculpture sonore énigmatique.

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La deuxième salle de l’exposition dévoile une collection de pochettes de disques achetés en brocantes et vides-greniers par l’artiste Patrice Caillet (Discographisme Récréatif). Chacune des pochette a été customisée par son précédent propriétaire, transformant ces objets en journaux intimes. Ainsi, des pochettes de disques sans grand intérêt acquièrent une force d’évocation par leurs personnalisations : mots d’amour, dédicaces, souvenirs de boom, autel dédié à une vague chanteuse du Top 50 oubliée depuis, substitution de pochette, etc. Oeuvre quasi-sociologique, la collection de Patrice Caillet interroge nos usages de la culture de masse jadis diffusée au travers des disques vinyles. Cette touchante collection exprime la part de vandalisme enfouie dans la créativité domestique de nos contemporains. Car, il fut un temps où l’appropriation d’un objet aussi uniforme qu’un disque —  produit à plusieurs milliers d’exemplaires et diffusés dans le monde entier —  offrait malgré tout une part d’appropriation personnelle sur sa surface cantonnée.  Alors évidemment, ça rend un peu nostalgique : essayez donc de graver votre amour de Mireille Mathieu sur un fichier mp3!

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chatsauvagesen-souvenirdunefilleTroisième est dernière pièce de cette exposition très cohérente: un jukebox diffusant des extraits de silences prélevés dans la musique mainstream et savante. L’apache qui sommeille en chacun de nous peut indistinctement lancer un silence de Souffly ou de John Cage parmi d’autres. Pièce déceptive s’il en est  — lorsqu’on appuie sur un bouton du jukebox aucun son ne semble en sortir — ce jukebox est un avant gout d’une complil’ de silences rassemblés par Adam DavidPatrice Caillet et Mathieu Saladin (The Sound of Silence). La parution du vinyl regroupant ces silences inspirés  — qui aurait du sortir pour l’exposition (co-édition INcertain Sens, ESADHaR, etc.)  — a hélas été retardée pour des problèmes de droits. Le législateur  — en fin mélomane  — a lui aussi compris que le silence d’après Mozart est encore du Mozart et que, pour le coup, ce silence devait se traduire en monnaie sonnante et trébuchante !

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à signaler la résidence à l’ESADHaR de Jacques Brodier et son étonnant « Filtre à réalité » qu’on a pu écouter sur Radio PiedNu entre le 21 et 25 janvier 2013.

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Jacques Brodier, Filtre à réalité, 2013.

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Galerie 65
65 rue Demidoff,76600 Le Havre
02 35 53 30 31

http://www.esadhar.fr

Exposition du 15 janvier au 15 février
du lundi au vendredi de 14h à 18h
vernissage le 15 janvier à 17h30
Patrice Caillet, Adam David, Mathieu Saladin,
Altération 276