
Jusqu’ici, je n’avais pas d’avis sur la peinture de Claire Tabouret. Je n’en avais vu que des reproductions et je ne comprenais pas vraiment l’admiration qui entoure cette artiste. Je me disais qu’en voyant les œuvres « en vrai », il allait se passer quelque chose, que j’allais comprendre pourquoi c’est si merveilleux ; emboîter le pas aux louanges de mes collègues critiques d’art.
Raté[1] !
C’est vrai qu’il y a deux ou trois astuces de peinture, comme le fond fluo que l’artiste recouvre petit à petit pour faire apparaitre des figures créant une sorte de lumière intérieure à la toile… Mais au delà de cet « effet », rien n’émerge vraiment. Pourtant, il y a des choses à faire avec ces nouvelles couleurs très synthétiques, surtout du côté d’une peinture figurative et de son métissage avec une technique plus traditionnelle. Par exemple, le dyptique de Nina Childress présenté au même moment au Plateau[2] ouvre des pistes largement plus excitantes avec humour et surtout moins de grandiloquence. Mais Claire Tabouret choisit d’en offrir une exploitation souffreteuse, paresseuse.
Les toiles présentées chez Bugada & Cargnel sont de très grands formats inspirés de photos de bals des débutantes. Le problème est que, là encore, Claire Tabouret n’en fait pas grand-chose, alors même qu’il existe une abondante littérature critique sur le sujet (par exemple le travail minutieux des sociologues Pinçon Charlot). Évidemment, les aristocruches de Claire Tabouret posent bras ballants dans des robes qu’on imagine d’une vulgarité désuète et qui se fondent dans le décor (attention, critique sociale !). L’artiste décide de les représenter le regard vide, si bien que tous les visages se ressemblent sans jamais atteindre « la saturation visuelle » ni le « vertige » promis par le communiqué de presse[3]. Là encore, on s’ennuie ferme…
De la peinture décorative de gens riches pour gens riches, finalement, ça paraît assez logique. Reste à déterminer pour quelle raison farfelue la critique s’y engouffre pour porter aux nues cet ouvrage de première communiante de sous-préfecture.

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[1] Désolé pour le suspens.
[2] Exposition « Un mural, des tableaux » où est présenté le dyptique 751-Roue/752-New Roue, 2005.
[3] Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur le communiqué de presse de cette exposition qui atteint un degré de bêtise satisfaite assez rare citant de manière totalement gratuite Gaetan Gatian de Clérambault et comparant la pseudo immersion des regards dans les toiles de Claire Tabouret à la sensation produite par les Nymphéas de Monet à l’Orangerie, rien que ça !
Oui mais « on s’ennui »… heu (j’aime beaucoup vous lire cela dit)
merci nicolas, coquille corrigée !
claire tabouret ne valait rien
elle a tapé dans l’oeil de François Pinault
elle vaut tout maintenant … au yeux du marché de l’art