Parmi les fléaux actuels qui s’abattent sur le monde intellectuel, il en est un particulièrement sournois et pervers : le plagiat. Ainsi, il est a craindre que nombres de masters et de thèses de doctorats soient aujourd’hui des textes « composites » offrant, malgré tout, à leurs « auteurs » titres et légitimité.
Jean-Noel Darde (Maitre de conférence à Paris 8 ) s’est penché sur le délicat problème et offre une étude de cas fort éclairante sur son blog Archéologie du copier-coller. Dans ce milieu où la lâcheté règne en maitre, espérons seulement que les mandarins et leurs suivants parfois complices de cette pratique ne condamneront pas le porteur de mauvaises nouvelles…
Extrait :
« Dans le département Hypermédia (UFR 6 de l’Université Paris 8), le débat sur le plagiat dans les travaux des étudiants s’est véritablement imposé en septembre 2005. Chargé dans la perspective d’un jury de la lecture de deux de la quinzaine de mémoires à soutenir du DEA « Enjeux sociaux et technologies de la communication », nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient l’un et l’autre essentiellement constitués de copier-coller. »
A signaler également le travail de fourmis réalisé par l’équipe de Michelle Bergadaà de l’OVSM de Genève.
Merci pour ce commentaire qui me convient parfaitement : outre qu’il vient de Paris 8, il frappe juste.
J’espère qu’il ne sera pas le seul.
Jean-Noël Darde
Bonjour,
il est est évident que la barrière en plagiat et réorganisation de schéma logique (ou changement de l’articulation logique des arguments) partant de m^me sources est faible.
Cela s’amplifie avec la mise a disposition d’une quantité faramineuses de données. Mais paradoxalement, le fait que l’ensemble des thèses ne soient pas disponibles constitue aussi la meilleure barrière des plagiaires.
Je m’explique:
* le fait qu’il soit sidérant que chaque citoyen français qui a payé de sa poche les nombreux thésards n’aient pas accès aux thèses et mémoires en dehors du format papier disponible dans les bibliothèques des universités les plus reculées de France, empêche d’avoir une vue globale de l’état de la recherche (le maître de thèse n’étant pas toujours à jour). Imaginez, le désespoir du pauvre petit thésard, s’apercevant après 2 ans d’efforts, que sa thèse à déjà été écrite ou est contenue dans n thèses déjà publiées (en France, ou Allemagne, Espagne , ….).
* le fait que les travaux ne soient pas facilement disponibles ne permet au maitre de thèse de vérifier le degré d’originalité du travail ( critiques difficilement formulables dans la cadre universitaire du fait des relations et hiérarchies très particulières au seins des universités).
* enfin tous les pays produisent une quantité phénoménale de travaux. Comment en vérifier l’originalité (même avec des algorithmes de comparaison et la traduction google). Si je publie une thèse – traduit du russe – sur la thérapie gravitationnelle, quel directeur de thèse pourra vérifier l’originalité de mes résultats?
évidement il n’est même pas questions des complaisances et autres favoritisme de certains professeurs ( comme partout il y a des brebis galeuses, de facto, l’université n’en ai pas exempte).
Tout à fait d’accord avec Antoine. Le but d’une thèse étant de faire évoluer la recherche du domaine à laquelle elle s’adresse, il est impératif que toutes les thèses soient disponibles à la consultation (j’ai pour ma part accepté la mise en ligne de ma thèse). On pourrait même étendre cette consultation libre à l’ensemble des travaux universitaires (il arrive souvent qu’on me demande mon DEA via mon site web et je le donne volontiers). Mais cela pose tout de même quelques problèmes :
1° En France, beaucoup (trop) de thèses en sciences humaines sont réalisées sans financement (ce qui n’a pas été mon cas, donc je ne me suis pas posé la question) : on peut donc comprendre que leurs auteurs ne veulent pas partager « gratuitement » leur recherche avec un milieu qui ne leur a rien donné.
2° Mettre ses travaux en ligne c’est aussi s’exposer à la potentialité du plagiat. Pour ma part, j’accepte cette possibilité et je trouve qu’il serait absurde et suicidaire de verrouiller sa production seulement parce qu’il existe des « tricheurs ». J’ai donc mis l’ensemble de ma production universitaire en ligne et ce pour plusieurs raison : 1) je crois (un peu naïvement) qu’il existe une communauté de gens sérieux qui croient à la propriété intellectuelle; 2) Je refuse de baser mon existence sur les comportements non-vertueux d’une minorité 3) J’ai la conviction que tout fini par se savoir ; 4) j’ai moi-même consulté des textes mis en ligne par d’autres et qui m’ont permis d’avancer dans mon travail.
3° Beaucoup de jeunes docteurs (ou de doctorants) sont assez jaloux de leur « œuvre ». Cela s’explique notamment par la rareté des postes offerts au concours et donc par l’extrême concurrence entre chacun. Ça doit encore être mon côté utopiste, mais je refuse cette ambiance pourrie style « prépa » qu’essayent d’instaurer certains mandarins et leurs poulains.
4° Certains ont l’espoir de publier leur thèse chez un éditeur et refuse donc de la mettre à disposition croyant que ça casserait leur pseudo exclusivité. Pour ma part, je pense qu’une thèse est toujours le fruit d’un certains nombres de compromis et que publier ce genre de texte tel quel n’a qu’un intérêt relatif même pour un public d’initié. Bien souvent il n’y a que quelques chapitres dans une thèse qui apportent vraiment une nouveauté, le reste est généralement constitué d’un appareil de verrouillage argumentatif (je ne remet pas en cause cela, c’est je « jeu » universitaire et il a un intérêt dans la construction d’une pensée. La question étant : a-t-ton besoin visiter cuisine pour apprécier les plats servis en salle ?).
Cela étant dit, je trouve toujours qu’il est plus intéressant que favoriser la libre circulation des idées et des recherches pour entre autres tous les arguments avancés par Antoine.
Les arguments de Maxence sont aussi très pertinents.
J’aimerai, avec le recul ajouter une ou deux observations.
1 – J’ai de nombreux amis rédigeant des thèses. Certains d’entre eux m’expliquent qu’ils ont lu de nombreuses publications, qui citent quasiment toutes les mêmes sources. Il ajoute que chaque publication est une variation à peine perceptible basée sur un socle commun d’arguments et de citations (pour des raisons d’obligations de publication). Ainsi ce socle commun d’arguments et de citations devient, par conditionnement, la vérité (ce qui est, selon ses mêmes amis, pas tout à fait le cas)! Et le temps perdu a lire et relire abruti totalement les chercheurs. Un travail plus collaboratif, sur des outils de type wikipédia permettrait à chacun d’ajouter sa nuance (par un fork) ou son avancée (par un ajout) et d’utiliser le reste. C’est plus rapide, efficace et souple.
2- (pour reprendre le point 3 de Maxence) j’ai croisé d’autres thésards dans des domaines que je ne peux citer sans faire du tord a ceux ci (genre 10 spécialistes en France), qui sont dans un tel état de détresse du fait de la concurrence exacerbée, de la non collaboration, voir de la bêtise de leur encadrement. En effet, j’ai entendu dire que certains dirigeants de thèse refusent d’aider les étudiants et leurs interdisent de demander un avis – voir même de discuter – avec d’autres spécialistes!. C’est vraiment du délire.
3- Enfin, Maxence a parfaitement raison de dire que la publication pour un publique plus large est au moins un sous ensemble de la thèse, et probablement un réarrangement.
Note: Personnellement, je publie environ les trois quart de mon travail contractuel et personnel(le reste prenant du temps à être mis en forme), mon entreprise me permettant ce genre de largesses. Cela comprend des articles sous Wikipédia (domaines variés: géographie, économie, mathématiques, informatique), des publications scientifiques (médical et télécom), de la soumission de code informatique sous sourceforge et aussi des liens vers des projets ou de initiatives constructives.